L’onco-coiffure : accueillir sans imposer, accompagner sans dramatiser – APPARTE LE SALON AUTREMENT

L’onco-coiffure : accueillir sans imposer, accompagner sans dramatiser

L’onco-coiffure : accueillir sans imposer, accompagner sans dramatiser

Accompagner les personnes touchées par la chute de cheveux

Perdre ses cheveux n’est pas un simple effet secondaire. Ce n’est pas seulement “avoir moins de cheveux”, c’est sentir que quelque chose bascule dans son rapport à soi. Lorsque les traitements médicaux entraînent une chute capillaire, le miroir change de fonction. Il ne sert plus à se coiffer, mais à constater une réalité qu’on n’a pas choisie. Dans ces moments-là, entrer dans un salon de coiffure peut devenir difficile. Beaucoup de personnes disent qu’elles ne savent pas “comment faire”, qu’elles ont peur du regard ou des phrases maladroites. C’est pour cela que j’ai choisi d’aborder l’onco-coiffure comme une façon de recevoir ce moment où la coiffure ne commence pas avec les ciseaux.

La chute de cheveux : plus qu’une étape esthétique

Quand les cheveux commencent à tomber, ce n’est pas seulement une matière qui se détache. C’est souvent un marqueur visible de la maladie, celui que l’entourage perçoit en premier. Beaucoup témoignent que ce moment est plus difficile que l’annonce du traitement lui-même. Non pas parce que les cheveux sont superficiels, mais parce qu’ils sont profondément liés à l’image intime, à l’identité, à la manière d’être dans le monde. Nous ne perdons pas seulement des cheveux, nous perdons notre identité. Tout ce qui était “normal” : attacher ses cheveux, se recoiffer, sentir une masse capillaire, devient soudain étranger. Dans les gestes les plus simples du quotidien, quelque chose résiste.

Ma vision de l’onco-coiffure : accompagner un passage

À L’Apparté le salon autrement, j’ai choisi d’aborder l’onco-coiffure comme un accompagnement à part entière. Ce temps dédié est conçu pour accueillir une personne dans une étape importante de son parcours, avec respect et précision car chaque personne est différente.

Chaque premier rendez-vous est posé comme une consultation, pensée en amont et encadrée clairement. C’est un temps professionnel, structuré et valorisé à sa juste place, qui peut être facturé.

Mon engagement est d’accompagner avec justesse étape par étape en restant présente et disponible, sans projection. Je n’accueille pas une cliente de plus. Je reçois une personne en transition, parfois silencieuse, parfois en colère, parfois prête, parfois pas du tout. Il n’y a pas de protocole figé, pas de réponse toute faite. Ce qui compte, c’est la capacité à laisser de la place. Laisser la place à cette phrase prononcée du bout des lèvres : “Je crois que ça y est, ça commence.” Laisser la place au silence, à l’hésitation, à la peur de regarder. Laisser la place à la dignité qui, parfois, se cache derrière la pudeur.

La qualité de ce moment compte autant que le geste technique. C’est une manière d’habiter ce temps sans avoir une action sur les cheveux.

Le début de l’accompagnement onco-coiffure

Avant même de venir au salon : un premier échange essentiel

Tout commence toujours par un premier contact téléphonique, jamais dans l’urgence. Je prends le temps de poser des questions simples mais importantes :

  • Où en êtes-vous dans le protocole de soins ?
  • La chute est-elle annoncée, commencée, appréhendée ?
  • Souhaitez-vous anticiper quelque chose ou simplement prendre des informations ?
  • Avez-vous envie que l’on parle des foulards, prothèses, ou souhaitez-vous d’abord observer ce qui va se passer ?
  • La prise en charge de la sécurité sociale et mutuelle.

Ensuite, je demande l’envoi de photos de vous avec votre chevelure actuelle ou avec le style que vous portez habituellement, non pas pour analyser ou juger, mais pour anticiper au mieux le choix d’une prothèse capillaire adaptée.

Je ne dispose pas d’un stock très large sur place, et je tiens à éviter ce moment où l’on doit choisir parmi ce qui reste. À partir des photos, je commande ce qui semble correspondre au visage, au style ou aux souhaits exprimés, afin que le jour du rendez-vous, la personne puisse essayer directement des options qui lui ressemblent.

Ce premier échange ouvre aussi la possibilité d’un accompagnement dans la durée, pendant le protocole de soins et au moment de la repousse, qui est souvent la phase la plus déroutante. Beaucoup me confient que c’est à ce moment qu’elles se sentent seules face à leur image, alors que l’entourage pense que tout est terminé.

Un rendez-vous d’une heure pour faire un point ensemble

Nous fixons ensuite un rendez-vous d’une heure. Ce n’est pas un rendez-vous coiffure classique. C’est une constitution à part entière, destinée à poser calmement les choses et à en faire le point ensemble.

Pendant ce rendez-vous :

  • Nous faisons le tour de la situation : où en est la chute, ce qui est attendu, ce qui fait peur ou ce qui est simplement à clarifier.
  • Nous essayons les prothèses que j’ai commandées à l’avance, ou nous regardons ensemble le catalogue si la personne souhaite affiner ou prendre le temps de choisir différemment.
  • Nous parlons de coupe éventuelle, mais rien n’est décidé à l’avance. Certaines personnes souhaitent anticiper une coupe de transition, d’autres préfèrent attendre. Il n’y a aucune obligation.

Mon rôle n’est pas de pousser à décider. Mon rôle est de poser un cadre où chaque choix peut se faire avec clarté, au moment juste.

Ce rendez-vous peut se faire en salon ou en visio, selon la situation et le confort de la personne.

L’essentiel est de pouvoir échanger sereinement, préparer le moment à venir et poser les bases d’un accompagnement adapté, même à distance.

Cet échange ouvre aussi la possibilité d’un accompagnement dans la durée, pendant le protocole de soins et au moment de la repousse, qui est souvent la phase la plus déroutante, beaucoup de clientes me confient que c’est à ce moment qu’elles se sentent seules face à leurs image. La matière est différente, souvent frisée, poreuse, fine, sèche, difficile à gérer et personne pour nous aider à la maîtriser.

S’il y a une coupe, elle se fait. S’il n’y en a pas, nous échangeons simplement.

Dans ce type d’accompagnement, je ne pars jamais du principe qu’il faut couper.

Parfois, nous coupons un peu pour alléger la transition.

Parfois, nous ne coupons pas du tout : c’est le choix de chacun, rien n’est figé, rien n’est obligatoire, je m‘adapte à la personne. C’est suffisant pour cette première rencontre.

Si une coupe est souhaitée, je la réalise de façon nette et maîtrisée, simplement.

Si ce n’est pas le moment, nous ne coupons pas. Il est tout à fait possible de repartir juste avec un point fait, un essai de prothèse, ou une simple mise au clair de ce qui va suivre.

L’essentiel pour moi est que la personne reparte avec un repère, une direction et le sentiment d’être accompagnée.

Après la chute de cheveux : continuer à accompagner l’image

Pour beaucoup, l’entourage considère que “le plus dur est passé” dès que les cheveux tombent ou commencent à repousser. Mais je vois souvent que le vrai travail commence à ce moment-là. Entre la chute et la repousse, il existe un moment fragile : celui où nous ne savons plus comment nous reconnaître. Nous entendons que tout va revenir, que les cheveux repoussent souvent plus beaux ou pas, mais rien ne revient comme avant. La repousse n’est pas seulement une étape capillaire : c’est une reconstruction de notre nouvelle identité.

C’est pour cela que j’ai nommé mon approche Éveil Santé Capillaire. Ce n’est pas un concept théorique. C’est simplement ma façon de dire que je ne m’arrête pas à la chute : j’accompagne l’avant, le pendant et l’après, toujours dans le respect du rythme individuel.

Ce que j’offre à travers ce métier

J’ai choisi de créer un lieu intime plutôt qu’un grand salon avec du passage. J’ai voulu créer un lieu où nous pouvons venir même si nous ne savons pas comment dire ce que nous vivons. Je ne promets pas de solution miracle. Ce que j’offre, c’est un espace : un lieu où l’on peut exister autrement, même dans un moment de fragilité.

Je ne cherche pas à transformer les personnes. Mon rôle est plus simple et plus profond : tenir la présence, pour que personne ne s’efface dans ce qu’il vit.

Conclusion : être vraiment là !

Pour moi, l’onco-coiffure n’est pas une “prestation bien-être”. C’est un engagement humain. Ce n’est pas un instant spectaculaire, ni un moment à rendre léger à tout prix. C’est un passage à accompagner avec respect, sans détour et sans excès.

Je ne cherche pas à embellir l’épreuve. Je cherche à préserver la dignité de celles et ceux qui la traversent.

Et si je devais résumer mon rôle en une phrase, ce serait celle-ci :

“Je n’impose pas un chemin. Je marche simplement à côté, le temps qu’il faut, pour accompagner des personnes à rester elles-mêmes, même quand tout change…”

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